La disparition imminente de la Grange et du Porche au Centre bourg de Fontenay

Comme nous vous l’annoncions au milieu de l’été dernier sur les réseaux sociaux, la disparition d’une partie du patrimoine communal du centre-bourg est programmée et n’est plus désormais qu’une question de jours. Compte tenu du rapport d’expertise rendu en avril sur l’état de ces bâtiments, dont la municipalité ne s’est pas préoccupée depuis plusieurs décennies, cette disparition est inévitable à plus ou moins brève échéance, mais dans quelle proportion doit-elle s’envisager, de quelle manière, avec quelle(s) garantie(s) pour les fontenaysiens, dans quelle(s) perspective(s) d’évolution du centre-bourg ? Autant de questions qui mériteraient évidemment information et débat avec la population avant passage à l’acte, mais il n’en sera rien malheureusement.

Si la majorité est prompte à rappeler lors des rencontres citoyennes de cette rentrée, que la commune appartient à ses habitants pour les inciter à s’investir dans son entretien, nous nous étonnons qu’elle soit nettement moins encline à les impliquer dans les actions communales importantes, porteuses d’enjeux, comme par exemple le devenir de ce front bâti historique du centre-bourg…
De notre côté, parce que nous sommes viscéralement attachés au patrimoine bâti fontenaysien, et qu’il est inconcevable d’en raser une partie sans débat avec les citoyens, nous avons décidé de vous partager, après l’avoir adressé à nos collègues élus de la majorité, l’état de notre réflexion sur le sujet, compte tenu des éléments d’information en notre possession à ce stade, et des compétences dont nous disposons. Il en ressort quelques impératifs évidents pour une action à court terme sur la grange et le porche.

Sur l’ampleur de l’action :
Préserver une continuité bâtie et l’intimité de la cour

La grange et le porche, associés au presbytère, forment l’alignement bâti qui cadre et structure le centre-bourg de Fontenay, au même titre que la maison Oger qui lui est perpendiculaire, le tout étant renforcé par les alignements de tilleuls, parallèles au bâti, au pourtour de l’espace vert triangulaire.

La grange et le porche en formant front bâti sur rue, protègent aussi la cour à l’arrière, et offrent un espace public intériorisé, à l’abri du passage mais aussi des regards, propice à des usages collectifs conviviaux, et où l’on se sent à l’abri.

La suppression totale de ces 2 bâtiments porterait donc une atteinte majeure à la structure historique du centre du village, laissant le presbytère sans rapport bâti d’échelle suffisante à proximité, mais aussi au caractère intime de la cour.

À court terme, et dans l’attente d’un projet global de réhabilitation et de valorisation du centre-bourg, nous demandons à minima :

  • que la façade sur rue des 2 bâtiments soit maintenue et consolidée sur une hauteur suffisante pour préserver une certaine continuité bâtie et l’intimité de la cour,
  • qu’une double porte demeure dans cette façade pour permettre un accès à la cour, et qu’elle soit en bois pour rester en cohérence avec le caractère rural des lieux,
  • que le pignon sud de la grange, prolongé dans la cour par un contrefort bâti délimitant la terrasse du presbytère, soit préservé au moins sur la hauteur de ce contrefort.

La réalisation d’un muret sur rue, surmonté d’une grille ou de tout autre dispositif laissant passer le regard, dont nous entendons parler ces dernières semaines, est donc totalement inadaptée à la préservation de l’intimité de la cour, et au maintien d’une continuité bâtie suffisante sur la rue.

Sur la manière d’agir :
Déconstruire plutôt que de démolir

L’ambition de conserver une partie de la façade sur rue des 2 bâtiments, et du pignon sud de la grange suppose d’intervenir sur le bâti avec délicatesse et discernement. Par ailleurs certains matériaux utilisés à l’époque pour la construction des 2 bâtiments, comme les pierres granite et meulière, les tuiles et le bois, sont naturels et nobles. À ce titre, et dans un souci d’économie circulaire écologiquement vertueux, ils méritent d’être précisément identifiés et triés par le prestataire chargé de l’intervention, et s’ils sont suffisamment en bon état, d’être conservés par la commune dans l’attente d’un réemploi sur site ou pour d’autres travaux communaux. L’intervention sur la grange et le porche doit donc davantage constituer une déconstruction qu’une démolition.

À court terme, nous demandons à disposer de garanties quant à la qualification du prestataire en charge des travaux, et quant aux exigences posées par la commune sur les méthodes d’intervention et le devenir des matériaux déconstruits. En particulier, la non-récupération de la pierre meulière, comme nous l’avons entendu récemment, serait une aberration, quel que soit son état ; il y a toujours matière au réemploi de la meulière, quand on sait qu’elle se fait rare et se négocie à prix d’or sur le marché des matériaux. Ce serait un comble qu’une entreprise privée tire profit de la revente de ce matériau qu’elle aurait fort opportunément récupéré lors de ce chantier…

Sur l’avenir du centre-bourg :
Engager enfin une démarche de projet global

Le centre historique de notre village ne saurait se satisfaire d’actions éparses au coup par coup, sans ambition ni vision d’ensemble. Sa réhabilitation et sa valorisation passent par une intervention programmée dans le temps, aussi bien sur le bâti (presbytère notamment) que sur les espaces publics, après réflexion sur les usages actuels et futurs du site, en concertation avec les associations locales et en réponse aux besoins réels de la population communale. Les ateliers menés par le CAUE (Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement) de l’Essonne ces derniers mois, ont montré la nécessité de doter la commune d’un groupement de maîtrise d’œuvre urbaine, compétent à minima en matière d’urbanisme, d’architecture, de paysage, de VRD (voirie et réseaux divers) et de bâtiments, pour concevoir le projet d’ensemble en partenariat avec les habitants, puis assurer le suivi de sa mise en œuvre sur le temps long.

 Dans cette perspective, nous demandons à court terme :

  • qu’une commission extra-municipale « centre-bourg », associant élus, associations et citoyens intéressés, soit créée pour piloter l’ensemble de la démarche et articuler ses différents volets,
  • que la mission d’appui du CAUE soit poursuivie, et complétée par une implication des équipes du Parc Naturel Régional (PNR) de la Haute Vallée de Chevreuse,
  • qu’un petit marché d’assistance à maîtrise d’ouvrage (AMO) soit conclu rapidement avec un prestataire en mesure d’accompagner la commune pour rédiger les pièces administratives et techniques nécessaires au lancement de la procédure de choix du groupement de maîtrise d’œuvre urbaine, en mobilisant une partie du budget 2023 prévu pour le centre-bourg,
  • que tous les rendus qui seront produits sur le centre-bourg, tant par les étudiants de l’école d’architecture sous convention avec la commune, que par l’architecte missionné sur le presbytère, fassent l’objet d’une présentation à la commission extra-municipale et à la population début 2024.

La création de places de stationnement dans la cour, comme nous l’avons également entendu il y a peu, n’a aucun sens à ce stade de la réflexion, ni au regard de la capacité de stationnement existante à proximité immédiate, sur la place de la mairie/l’église, ni en considération des usages actuels de la cour. Et s’il s’agit d’anticiper le besoin résultant de futures opérations immobilières privées à proximité, qui ne pourraient le satisfaire sur leur propre foncier, cela est évidemment inentendable…

Si la majorité se décide enfin à adopter une méthode digne de ce nom pour concevoir collectivement et en concertation les projets communaux, et tout particulièrement celui de la réhabilitation et de la valorisation du centre-bourg, nous participerons avec plaisir à l’instance spécifique mise en place, et apporterons nos compétences et nos idées. S’il n’en est rien, que la commune poursuivre son saupoudrage d’argent public de-ci, de-là pour des travaux et actions bricolés, inaboutis, peu durables et dont l’ambition écologique reste à démontrer.